Quand j’ai commencé la périménopause, je ne savais pas ce que c’était et encore moins comment l’associer aux maux disparates qui se manifestaient dans ma tête, mon corps, et mon esprit. Lorsque j’en parlais à ma médecin lors de mes examens annuels, elle ne faisait aucun lien non plus. Pourtant, en rétrospective, je constate que j’ai eu de nombreux symptômes : règles irrégulières et abondantes, bouffées de chaleur, sudations nocturnes, douleurs musculaires et articulaires, fuites urinaires, insomnies, sautes d’humeur, prise de poids, trous de mémoire, anémie, libido variable, manque de concentration, fatigue colossale, arythmies, peau sèche, perte de cheveux, maux de tête, rosacée, picotements dans les extrémités, irritabilité, infections urinaires, et sûrement d’autres que j’ai oubliés!! Selon ma médecin, mes douleurs musculaires et articulaires, et les picotements que je ressentais aux mains et aux pieds étaient causés par un matelas inadéquat; mes fuites urinaires, par mon jogging; mes règles irrégulières et abondantes, ainsi que mon anémie, par ma carence en fer; etc.
Pendant des années lors de ces examens annuels, quand je lui demandais de faire des prélèvements pour tester mes taux hormonaux, elle me répondait toujours qu’il était trop tôt et inutile de me tester puisque j’avais encore mes règles, qu’une fois que je ne serais plus menstruée elle ferait des tests pour confirmer que j’étais en ménopause… Et j’ai finalement eu les fameux tests… après avoir commencé la ménopause. * * * Ma mère m’a donné naissance alors qu’elle avait 42 ans. Quelques années plus tard, à 48 ans, elle a insisté auprès de son médecin pour subir une hystérectomie totale puisque ses règles l’accablaient. Il a d’abord refusé parce que cela était contraire à sa religion. Ma mère l’a convaincu en lui disant qu’elle avait fait plus que ses devoirs conjugaux et religieux, ayant mis au monde douze enfants… Sa ménopause a été soudaine et fulgurante! Les bouffées de chaleur ont fait d’elle l’objet de bien des blagues et de peu d’empathie au sein de la famille. Ma mère ayant 48 ans et moi que 6 ans, ce n’était pas un sujet qui me préoccupait à l’époque. Et quand la périménopause l’est devenue pour moi, ma mère souffrait de démence. Dans ma famille, les conversations de ce genre ne sont pas particulièrement encouragées, au mieux effleurées et, quand le sujet dérange trop, on l’ignore ou feint l’indifférence. Alors, qu’est-ce que j’ai fait? J’ai cheminé à petits pas, en essayant différentes choses, en en parlant le moins possible. Par exemple, je n’osais pas avouer mes trous de mémoire parce que mon père avait souffert d’Alzheimer; ni mes nombreuses siestes pour atténuer ma fatigue chronique, ni mes fuites urinaires, trop gênantes. Du jour au lendemain, j’ai eu l’impression que mon vocabulaire était devenu trop restreint pour exprimer toute la gamme d’émotions qui m’envahissait. Et ça, c’est sans parler des ressentiments, des rages, des colères, des pulsions et des impulsions, des humeurs, des idées grisantes et démoralisantes, des envies et des fringales qui pouvaient survenir et s'entrechoquer à tout moment. C’est sûr qu’il y avait plein de bonnes choses dans ma vie, mais perdue comme je l’étais dans ce brouillard de symptômes et d’émotions, je n’avais pas la gratitude facile!! * * * Depuis ma plus tendre enfance, on m’avait appris à penser aux autres d’abord, à plaire, à ne pas faire de vagues, à m’effacer, à respecter mes aînés qui eux sauraient toujours mieux que moi ce qu’il y avait de mieux pour moi, à ne pas exprimer mes besoins et mes émotions, surtout mes désirs, ma colère ou mon chagrin, afin de ne pas déranger. À l’adolescence, j’ai tenté d’exprimer mes besoins et mes désirs, mais, plus souvent qu’autrement, on me disait que c’était inapproprié, que je dérangeais, que j’étais égoïste et difficile, que j’avais tort, que je devais être bon public, que je devais apprendre à faire des compromis, que j’étais trop jeune pour comprendre, que je comprendrais plus tard, etc. Étant la plus jeune, je me sentais foutue d’avance. Et si je n’ai pas réussi à communiquer et à faire valoir mes besoins et mes désirs à l’adolescence, la périménopause m’a amené à assumer ma féminitude et à trouver ma voie et ma voix. Sur le plan hormonal, la périménopause est à l’inverse de l’adolescence, et les deux nous incitent à exprimer qui nous sommes véritablement. Aujourd’hui, je vois la périménopause comme la revanche de l’adolescence dans le meilleur des sens. Je suis convaincue que ma tête, mon corps et mon esprit trouveront d’autres moyens toujours plus percutants pour me secouer et m’amener à retrouver le chemin vers moi-même si je ne prends pas le temps de les écouter. La périménopause m’a mené à établir un nouvel équilibre personnel et professionnel, entre autres dans mes relations, y compris avec moi-même. J’ai compris que, pour guérir, il faut sentir ses émotions. * * * Avec le temps, j’ai constaté que certains aliments et comportements ne me convenaient plus, par exemple le vin rouge et ses tanins, la bière, les plats épicés, le porc qui provoquait des haut-le-cœur, le stress, le chamboulement des horaires, l’inconstance, etc. Et j’ai même suivi les conseils de ma médecin, jusqu’à un certain point : j’ai utilisé la contraception pour “contrôler” mes règles et ma carence en fer; changé de matelas (2 fois!) pour atténuer mes douleurs musculaires et articulaires, ainsi que les picotements aux extrémités; porté des serviettes hygiéniques pour “masquer” mes fuites urinaires. À force d’essais et d’erreurs, d’expériences et de recherches, j’ai réussi à atténuer mes symptômes, puis le temps a passé et mon corps est lui aussi passé à autre chose. J’ai simplifié ma vie et mon alimentation (p. ex., je mange toujours la même chose au petit déjeuner), en plus de mon approche à l’exercice et au sommeil. Je gère mon stress autrement… ou plutôt je m’en occupe au lieu de l’ignorer. Et j’ai délesté des obligations et des relations, des façons de faire et d’être. J’ai donc remplacé les soupirs, les sous-entendus, et les comportements passifs-agressifs avec un nouveau langage pour exprimer clairement mes besoins et désirs. C’est le travail d’une vie et non un acquis… L’idée, c’est d’être constamment en mode d’apprentissage et d’éviter le jugement envers moi-même et envers les autres. Je me laisse guider par des questions comme celle-ci : est-ce que telle relation, telle chose, telle occasion, tel aliment, etc. m’aident à être la meilleure de moi-même? Autre point d’appui : si je m’améliore de 1 % par jour, je serai près de 37 fois meilleure au bout d’un an! Des intérêts composés, genre. :) Aujourd’hui, je suis en ménopause. Il me reste encore quelques morceaux du casse-tête dans les mains et je sens que je vais bientôt arriver à tous les placer pour renforcer la cohérence de mon humanité, de ma féminitude, et de ma connexion à toutes choses. Rappelez-vous la consigne de sécurité qu’on nous donne chaque fois que nous prenons l’avion, soit de mettre notre masque avant d’aider les autres à enfiler le leur. Et ce, même si l’autre, c’est notre ami.e, notre conjoint.e ou notre enfant. Ça vous dit quelque chose? Je ne peux pas aider les autres si je ne m’aide pas moi-même… Alors, si jamais on vous dit que vous êtes égoïste, rappelez-leur la consigne. Ça change une vie!
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Christiane RobillardCoach - Périménopause, santé et mieux-être ArchivesCategories |